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L’un est français, l’autre belge. L’un est ministre des Affaires européennes, l’autre député européen et ancien Premier ministre. L’un est socialiste, l’autre est libéral.
A un peu plus d’un an des élections européennes, et alors que l’Union européenne peine à sortir d’une crise qui remet en cause son modèle social et alimente la défiance de ses citoyens, Bernard Cazeneuve et Guy Verhofstadt ont débattu de l’avenir de l’Europe dans l’émission de RFI Carrefour de l’Europe, sur RFI, en partenariat avec Presseurop.
Pour Guy Verhofstadt, auteur de Debout l’Europe, un appel à “un saut fédéral” publié à l’automne dernier avec Daniel Cohn-Bendit, l’enjeu est clair : “Il faut faire maintenant le saut en avant, et le plus vite possible”. Le chef de l’Alliance démocrate et libérale au Parlement européen propose d’ailleurs une Convention européenne en 2015 “pour parler des fondements de cette Europe de l’avenir”.
Car pour l’heure, regrette l’ancien Premier ministre,
Le problème, c’est que nous avons un Conseil européen qui essaie de plus en plus de gouverner l’Europe, et selon moi, un Conseil de dix-sept ou vingt-sept ne peut pas gouverner l’Europe. C’est comme si les Etats-Unis étaient gouvernés par les 50 gouverneurs qui se voient 5 ou 6 fois par an et qui décident à l’unanimité. Ce serait impensable. Et c’est de cette façon que l’on est en train de gouverner l’Europe.
Bernard Cazeneuve, lui, est plus mesuré. “Pragmatique”, selon son expression. Le ministre des Affaires européennes met en garde contre un débat qui ne serait qu’institutionnel et nourrirait les populismes :
Je ne suis pas du tout défavorable à un saut politique. Je pense que nous ne pouvons pas continuer à fonctionner dans les institutions telles qu’elles sont. Mais il faut faire très attention à faire en sorte que ce que nous voulons faire sur le plan de l’approfondissement politique et sur le plan institutionnel soit mis au service d’un projet qui parle aux peuples. La nouvelle architecture institutionnelle est au service du projet, elle n’est pas le projet lui-même. La réduction du débat à la question institutionnelle, entre les fédéralistes et les autres, est un piège.
”Question institutionnelle, question de fond, je confonds tout”, insiste pourtant Guy Verhofstadt. Pour lui, la crise démontre que ”l’on n'a pas assez d’Europe”. La monnaie unique a été créée, mais ”on a oublié les autres étapes nécessaires : l’union économique, l’union budgétaire, l’union bancaire, l’union sociale et l’union politique”.
Le député européen considère donc que les élections européennes de 2014 se gagneront en disant il faut plus d’Europe. Mais ”le but principal, le défi principal”, sera de convaincre que plus d’Europe, c’est mieux d’Europe :
On a travaillé de manière très importante à améliorer la discipline budgétaire, mais on n’a pas fait le même effort pour la croissance. [Or] ce sont les deux faces de la même médaille.
Mutualisation de la dette, gouvernance de la zone euro, ces mesures techniques sont un point d’accord entre le socialiste Cazeneuve et le libéral Verhofstadt. Pour le ministre français,
Si on veut que l’Europe fonctionne mieux, il faut améliorer la gouvernance de la zone euro. Il n’y aura pas de mieux d’Europe s’il n’y a pas de gouvernance, et pas plus d’Europe si on ne peut pas avancer à plusieurs pays dans les coopérations renforcées.
Dans la campagne de 2014, ajoute Bernard Cazeneuve, “il va falloir que nous fassions oeuvre de pédagogie. Pour que l’Europe soit victorieuse, il faudra dire la vérité”. C’est-à-dire que le redressement des comptes est nécessaire pour prendre le chemin d’une Europe de la croissance.
Le débat Bernard Cazeneuve-Guy Verhofstadt, animé par Daniel Desesquelle, de RFI, et Eric Maurice, de Presseurop, est à écouter sur le site de l’émission Carrefour de l’Europe.