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Dacian Cioloş : “L’agriculture bio, mon prochain chantier”

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Soutenu par la droite, apprécié par la gauche, le commissaire à l’Agriculture, défend sa réforme de la Politique agricole commune (PAC) qui doit être adoptée cette année. Presseurop l’a rencontré au Salon de l’agriculture biologique de Nuremberg, BioFach.

Presseurop : Comment s’en sort la PAC à l’issue du Conseil européen des 7 et 8 février derniers, pendant lequel les Vingt-Sept se sont mis d’accord sur un budget de l'UE pour la période 2014-2020 ?

Dacian Ciolos : Que le Conseil européen ait pris une décision concernant le budget, c’est déjà très important pour l’agriculture, car sans accord budgétaire, je ne pouvais pas avancer dans les négociations. Bien évidemment, le fait que la somme proposée initialement par la Commission européenne soit amputée de 6 % ne me réjouit pas, mais si je regarde de combien a été amputé le budget global, les coupes subies par celui de l’agriculture sont inférieures à la moyenne.

Quelles seront les prochaines étapes ?

Comme je le disais, la réduction du budget de 6% n’affecte pas la réforme de la PAC que je dois mener. La décision doit être confirmée par le Parlement, en mars nous aurons la décision du Conseil des ministres de l’Agriculture, puis, en avril, nous commencerons les négociations dans une formule trilatérale – le Conseil deS ministres, le Parlement et la Commission.

Vous avez souvent à faire face aux pressions des lobbyistes de l’industrie agro-alimentaire : comment faites-vous pour leur imposer vos vues ?

Je n’ai aucune difficulté à imposer mes idées. J’essaie d’écouter, de proposer, de convaincre avec des arguments qui tiennent la route, même ceux qui ne veulent rien entendre. Sachez qu’il y a certaines limites dans l’agriculture au-delà desquelles même les lobbyistes ne peuvent pas aller sans risquer des conséquences très graves. Il y a une évidence qui n’est pas décrétée par la Commission et qui ne figure dans aucune loi : quand la connexion avec la nature n’est plus assurée, un problème arrive vite, comme par exemple, la stérilité du sol faute d’engrais. Eh bien, même ces lobbyistes qui ne soutiennent pas toujours la réforme, peuvent comprendre cette évidence.

En être arrivé là, c’est un peu notre faute aussi, car on a voulu avoir plus, plus rapidement, et moins cher. Nous avons poussé les producteurs dans une certaine direction. Maintenant, les choses vont être difficiles à changer car les investissements réalisés dans l’agriculture sont faits à l’échelle d’une génération. Mais je crois que quand si nos arguments sont bons et qu’on écouté ceux des autres, on peut arriver à un compromis positif qui fera évoluer les choses dans la bonne direction. Discutant avec beaucoup des ceux qui critiquent la réforme, je me suis rendu compte qu’ils n’agissent pas forcément par mauvaise volonté mais simplement par autoprotection.

L’agriculture biologique d’un côté, le greening de l’autre, représentent-ils un tel compromis positif ?

Pour moi, l’agriculture bio est une idée qui se trouve en-dehors du paradigme classique, du développement de l’agriculture. C’est un concept novateur qui s’est développé peu à peu. L’agriculture bio est une forme conventionnelle de pratique de l’agriculture qui montre que les choses peuvent se faire différemment et qui répond à une certaine nécessité des consommateurs. Néanmoins, je ne crois pas que nous puissions séparer l’agriculture européenne en deux, dire que nous soutenons ce type d’agriculture bio et que nous abandonnons l’autre modèle. Nous devons arriver à un équilibre, car nous sommes à un carrefour où certaines idées de l’agriculture bio peuvent être introduites dans une pratique plus traditionnelle afin de la faire évoluer vers autre chose.

Lors du lancement de la réforme de la PAC, vous aviez organisé des débats publics. Avez-vous fait de même pour celle de l’agriculture bio ?

La révision du marché de l’agriculture biologique est un de mes futurs chantiers, et nous avons lancé un débat auquel les Européens sont invités à se prononcer. Il sera en ligne jusqu’au 10 avril.

Propos recueillis par Iulia Badea-Guéritée


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